lundi 25 novembre 2013

Belle machine !

poids 300 grammes
volume 60 cm3
fréquence 55 ppm
pression 110 mm Hg

Une belle machine !
Peu d'entretien, première révision au bout de 58 ans, changement de durite et c'est reparti pour une autre trentaine.

Bon c'est vrai, maintenant, je suis un  peu plus à l'écoute, vous savez, les petits bruits, les murmures, les parasites, tout ce à quoi je n'avais jamais fait attention jusque là. J'entretiens, je soigne. Je surveille.
Et même un peu trop. Je suis devenu pointilleux.
Je fais attention, ne pas grimper trop vite en fréquence, ne pas faire durer trop longtemps les pics de fonctionnement. Je mesure régulièrement les paramètres. Je prends conseil auprès de spécialistes. Souvent pour un petit rien.
Et donc je m'inquiète aussi parfois. Je m'interroge – combien de temps encore ?  – alors qu'il n'existe aucune réponse, ça je le sais, mais quand même. Je ne parviens pas encore à me raisonner. Comme si je pouvais l'économiser, le garder le plus longtemps possible – jusqu'au bout ? –.

Au bout de quoi ?

300 grammes, 60 cm3.
Belle machine, mon coeur.
Un coeur gros comme ça ! Avec plus de 1 milliard et demi de pulsations au compteur !

Mon coeur. Mon amour.

le mot « cœur » (...) 
le mot charnel et sensible, 
le mot rond dans lequel il y a 
du sang 
(A. de Noailles)
 

lundi 16 septembre 2013

Journées du Patrimoine

Bien sûr, il est possible d'attendre entre 2 et 4 heures pour pénétrer ces lieux mystérieux, ouverts seulement une fois par an. De rencontrer le président de la République française, de s'asseoir dans le fauteuil d'un ministre, de boire un coup à l'Assemblée avec un illustre élu de notre chère patrie. 

Bien sûr, il est possible de choisir une visite plus convenue, un musée, un château, un monument historique, chargé d'années et d'anecdotes. Mais alors choisissez un lieu privé, plus intime, ouvert seulement ce jour-là par des propriétaires motivés et intarissables.

Et puis, vous pouvez aller au hasard, tout près de chez vous ou à quelques kilomètres. Vous pouvez faire le tour des lavoirs, croix, fours banaux, halles couvertes, bref toutes ces vieilles pierres qui n'attendent que cette occasion pour ... alors écoutez les histoires, écoutez les gens, écoutez les vieilles pierres, écoutez l'eau qui coule, écoutez les arbres qui bruissent, écoutez le feu qui s'endort, écoutez le pain qui croustille.

C'est ce que nous avons fait dans le petit hameau de Moirieu. Petit village qui fut sur le point de disparaitre, et qui renait depuis quelques années, à deux pas de son illustre voisine médiévale. Grâce aux jeunes, aurait dit Mme Barbézieux. Et les histoires se réveillent, circulent à nouveau de la coopérative au lavoir, de la croix au four à pain, histoires d'amour, histoire de mort, histoires magiques ou humoristiques, histoire d'eau et d'arbres.





Faire de la radio, parler dans le poste, c'est à Bourgoin-Jallieu


Inspirée de l'expérience des Pass'Mapaj -groupe de lycéens lecteurs- à la radio Couleurs FM 97.1 l'an dernier, la nouvelle émission se veut une émission pour, par et avec les jeunes. L'objectif est de donner la parole à tous ceux, entre 16 et 26 ans, qui ont quelque chose à dire.

16 26, Boulevard Jeunes.
C'est ici, c'est maintenant.
La porte est toujours ouverte, entrez, installez-vous.
Vous avez entre 16 et 26 ans.
Vous avez des infos, des remarques, des conseils,
vous avez des questions, des réponses,
vous avez des commentaires, des avis, des suggestions,
bref, vous avez quelque chose à dire,
quelque chose de génial … ou juste quelque chose.
16 26 Boulevard Jeunes est une émission faite pour vous,
mais surtout par vous et avec vous.
Alors entrez,
et dites ce que vous avez à dire.

Les trois premières émissions ont été programmées avec des "groupes associatifs" connus : Tokyo Yumé en octobre, Dequoijmemele en novembre et Pass'Mapaj en décembre animeront chacun une heure d'émission où ils seront "maitres d'oeuvre" pendant une heure.
A partir de janvier, d'autres invités participeront à l'émission, mais toujours dans l'objectif de faire parler des jeunes qui ont quelque chose à dire, un parcours particulier, une envie particulière, un rêve particulier ... Ainsi l'émission pourrait aborder autant de thèmes différents, littérature, théâtre, mais aussi école, travail, engagement etc.
Il est envisagé également que ces invités de 2014 puissent être interviewés par des 16-26 ans, toujours dans l'optique de donner au maximum la parole aux jeunes et d'ouvrir la discussion.

La première a été enregistrée le 11 septembre : discussion sur l"émission par la directrice d'antenne, la présidente de l'association et l'animateur-producteur, suivie des trois présentations des émissions d'octobre, novembre et décembre par les "maitres d'oeuvre" concernés. Pause musicale avec Izia, Gorillaz, Zaz.
La mise en place se poursuit, contact, préparation, corrections ...

La porte est ouverte. L'adresse est
emission1626@couleursfm.fr

Bonne écoute !

lundi 29 juillet 2013

Dire NON


Ne pas dire tout à fait non.
ma messagerie a buggué, mon ordi a planté, je n'ai pas reçu le message, faudra que je vérifie, un problème de serveur, je n'ai plus de réseau ...

Dire autre chose.
je n'ai pas eu le temps de me pencher sur votre question, ce n'est pas tout à fait le bon moment, ceci ne correspond pas vraiment à notre politique éditoriale, pourriez-vous re-soummettre votre projet plus tard, très intéressant mais … un peu précurseur, non ?, je vous souhaite toute la réussite possible, je garde votre courrier, on vous recontactera ...

Dire oui, mais.
veuillez prendre contact avec nos services pour un rendez-vous, il serait bon que nous nous rencontrassions, un temps de réflexion est nécessaire, vos idées sont certes très originales, pourriez-vous établir un financement plus précis, une reformulation me parait nécessaire, malheureusement la décision finale ne m'appartient pas, je vais vous indiquer la personne à contacter ...

Ne rien dire.
nos services ne sont pas compétents pour répondre, la procédure n'est pas respectée, veuillez utiliser le formulaire adéquat, nous ne pouvons donner suite à votre demande, vous n'avez pas rempli la fiche de renseignements numéro XY321BA-1973, la législation devant changer sous peu recontactez-nous dès que

P*§#@&, c'est si difficile de juste dire NON.

Dire NON.
vous êtes à côté de la plaque, révisez votre copie, cessez de nous importuner, cela ne nous intéresse pas, vous vous êtes trompé, changez de direction, de voie, d'idées, de concept.
NON, c'est NON.

Dire NON avec un mot gentil, aimable, respectueux, poli. Voire même délicat, ou encourageant. Ou même pas. Juste avec une petite phrase directe, sans circonvolution, pour énoncer clairement et sans embages le refus, la négation, une fin de non-recevoir nette et définitive, absolue et non revisable. Simplement pour qu'on sache. Et pourquoi pas pour qu'on comprenne, qu'on apprenne, qu'on avance, qu'on ne s'entête plus sur une erreur !

Parce que, ce qu'on veut, c'est avant tout une réponse, pas un espoir que demain ou plus tard peut-être si tout se passe bien … mais une réponse qui nous évite d'attendre, de prévoir, de croire, de réver. De se perdre.

NON ?

jeudi 25 avril 2013

Petite histoire de par chez moi

Une petite histoire.
Ou même pas.
Quelques morceaux de bouts de petite histoire.
Un début, peut-être une fin, et parfois des détails au milieu qui se raccordent à peine.
Mais l'histoire m'accroche, me plait, m'inspire. 
Alors il faut fictionnaliser, combler les trous, inventer les liens, raccommoder les passages, refabriquer les actions. Selon ma vision, mes émotions, ma sensibilité. Selon l'endroit, le moment, les gens qui m'ont dit que ... et pourquoi pas écouter la rumeur, la transformer.
Récits de vie, plus ou moins vrais, plus ou moins inventés, un puzzle de bruits, de murmures, de silence, de regards, de clins d'oeil, de si j'me rappelle bien, de il parait que, de moi c'que j'en dis.
Récits de vie, contes de la vie ordinaire, événements du quotidien. Raconter la cassure, juste là où la routine dérape et l'anecdote devient aventure, intrigue, non-sens, bref devient fiction, une histoire presque vraie, ou plus vraie parfois, plus crédible tellement l'autre était absurde, triste et banale.

Je vais, je tends l'oreille, j'écoute, j'enregistre, il m'arrive aussi de questionner, de relancer l'histoire. Je recherche, qui, où, à quelle époque. Je refais le chemin, je parcours les méandres de l'histoire, parfois je fais mine de l'abandonner, de l'ignorer, de la négliger. Pour mieux la retrouver, pour mieux la réassembler. Pour mieux la recréer, l'écrire, l'archiver.

Un peu d'attention, un peu d'invention !


dimanche 14 avril 2013

Micro-bibliothèque / épisode 3

Relire un "classique", un livre qu'on aurait voulu lire, ou qu'on a juste parcouru rapidement faute de temps, et aujourd'hui lorsqu'on prend le temps d'entrer dans une librairie, ce n'est pas à ce livre-là qu'on pense, il y en a tant d'autre, alors, une fois encore, on ne l'achète pas, et on ne le (re)lira pas. Sauf ... s'il se trouve gratuitement dans la micro-bibliothèque de mon quartier "prenez un livre donnez un livre" : voilà l'occasion de lire ou relire celui qu'on ne voulait pas acheter !
Le livre dont tout le monde parle, mais les avis sont tellement partagés, et le prix quelque peu élevé, alors on hésite, et finalement on attend, encore et encore. Mais quelqu'un d'autre l'a acheté, l'a (surement) lu, l'a aimé ou pas, mais le propose  dans la micro-bibliothèque, avec avis ou pas, pour s'en débarrasser ou pour le partager. Et bien  y'a plus qu'à l'échanger, et enfin le lire, et enfin pouvoir aussi donner son avis !

Voilà, une dizaine d'échanges lors de ce troisième mois d'existence, et de plus en plus de contact. On en parle, on s'informe, et même de plus en plus loin du quartier. Le bruit court ! 


Le beau temps est de retour, alors on s'arrête, on prend un peu plus de temps, on regarde les titres, on feuillette, et parfois le propriétaire est présent alors on discute, de l'idée d'une micro-bibliothèque, d'un livre, ou d'autre chose. Bientôt, on pourra peut-être faire quelques lectures ensemble, ou débattre sur tel ou tel livre, ou tel ou tel auteur, là, au soleil, dans la petite cour pavée devant la maison.

à suivre ...





mercredi 20 février 2013

le temps immobile

tu mets "Child in time", de Deep Purple sur ta chaine hifi,
CD, YouTube ou autre
mais tu as choisi un enregistrement de bonne qualité
tu règles le son, ni trop fort, ni trop faible
juste pour couvrir les bruits ambiants
les bruits de la vie de tous les jours
juste pour n'entendre que "Child in time"
tu t'allonges par terre, sur ton tapis ou ta moquette,
au pire sur le canapé
mais rien ne vaut un bon et confortable contact avec le sol

tu fermes les yeux
tu écoutes
ne cherche pas à comprendre les paroles
ni même à accompagner la musique
ne bouge pas
respire lentement
laisse le son t'envahir
te pénétrer
te digérer
laisse le temps s'arrêter

dix minutes et quarante secondes

et tu verras la ligne
la ligne qui s'est tracée entre le bien et le mal
ferme les yeux

10 mn 40 s

ne bouges pas tout de suite
la fin n'est pas la fin
prends le temps de rester dans le temps immobile

et puis tu sens le silence reprendre sa place
tu entends les bruits s'immiscer à nouveau dans ton espace
tu les écoutes réveiller ton corps
tu retrouves le temps qui passe
tu peux ouvrir les yeux
tu bouges
tu reprends le chemin
le cours de ta vie

samedi 9 février 2013

micro-bibliothèque / épisode 2

ça fonctionne !! 
Le bouche à oreilles, les gens qui s'arrêtent, interrogent, je prends quelques secondes pour une réponse rapide, un sourire, un petit mot ... et l'échange commence à se faire. Deux livres dans la première semaine, et puis cinq-six maintenant.
Une voiture stoppe, elle sort, deux ou trois livres à la main, elle est pressée, ou alors il fait froid, ou alors elle n'ose pas prendre le temps, elle dépose ses ouvrages, rapidement, en emporte un, presque au hasard, et la voiture redémarre. Pas de gêne, pas de temps perdu mais un échange, un zeste de commencement de partage.
Et puis, quelques mots dans quelques livres ! Pas vraiment de commentaire, juste un petit encouragement, un post-it en première page, pour donner envie, pour aiguiser la curiosité ...

Le nombre de livres augmente, possible qu'on cherche aussi à donner sans prendre, juste faire avancer le concept, possible aussi qu'on se débarrasse de livres encombrants, qu'on a lus ou pas, aimés ou pas. Peu importe, la règle reste assez floue sur cela. Les livres doivent circuler, passer, partir, revenir, ou même disparaitre ... une bibliothèque, c'est aussi des livres qu'on n'aime pas trop, qu'on regrette un peu, mais qui peuvent trouver un autre regard, susciter une autre émotion, ailleurs, chez un autre lecteur. 

jour 14 : 35 ouvrages

Alors, on entre en troisième semaine ...

      
                                                            Colombus, Ohio


à consulter
Little Free Library

vendredi 1 février 2013

duo de conteurs

Yes ! 

Je crois que ça s'est bien passé. Et même un peu plus ! Une heure et quart d'histoires sombres, par deux conteurs qui se sont découverts il y a peu, devant un public attentif et absorbé. Une première pour nous, ... mais pas une dernière ! Une super grosse envie de recommencer.
Le stress ! Un peu, beaucoup ... Mais pas comme d'habitude. Là, ce soir, je conte pour les gens, mais aussi pour elle. Ou plutôt avec elle. Comme elle conte aussi un peu pour moi.
Ensemble. Connectés

Un semblant de scénographie, quelques conseils éclairés -merci Manon- pour être ensemble, pour être l'un avec l'autre, et non pas l'un après l'autre. Jeux des regards, jeux des corps aussi. Je t'écoute, tu me regardes, tu m'écoutes, je te regarde. Pas si évident pour le pauvre conteur solitaire
 
Et ça fonctionne, après quelques hésitations, quelques sueurs froides, quelques tremblements, quelques fourchements de langue, la voix se place, les mots coulent, l'histoire prend -reprend- forme. Les mouvements s'accordent, les yeux se trouvent. 
Elle, moi, les gens.

Belle expérience ! 

Lorsque j'ai commencé à conter, j'avais sans cesse à la bouche les mots partage ... échange ... rencontre pour justifier mon choix de vie, de nouvelle vie. Ces mots restent là et bien là, à chaque conterie, seul ou à deux.


lundi 28 janvier 2013

micro-bibliothèque / épisode 1

Installation réalisée en ce jour ensoleillé de janvier 2013 : une micro-bibliothèque devant ma maison.

Une trentaine de livres variés, de tous genres, proposés à l'échange aux gens de ma rue, de mon quartier, et même plus si ...
Gallay, Nothomb, Follet, Vargas, Gavalda, mais aussi Fournier, Rostand, Sagan, Fallet, avec des romans, des nouvelles, des chroniques, autour du polar, de l'aventure, des sagas. Un choix hétéroclite, pas obligatoirement best-seller, souvent à découvrir ... gratuitement ! Car il n'y a ni inscription, ni obligation autre que cette règle simple :
apportez un livre, emportez un livre

 jour 1 : 27 ouvrages
 
Principe d'échange, de partage, de bonne volonté, celle de se connaitre par le livre. Petit + sympa, l'idée d'insérer dans chaque livre déposé un court commentaire qui donne envie de lire ! Et puis, l'emplacement, proche de la maison, devrait permettre des rencontres, des discussions, des échanges ... surtout dès que le beau temps sera là !


Alors, alors, ... le succès aidant, les idées viendront pour faire vivre cette micro-bibliothèque ...
http://www.littlefreelibrary.org

... à suivre ...

dimanche 27 janvier 2013

éloge de la vaisselle

Vaisselle : P. méton. Action de laver et d'essuyer les plats, les assiettes, etc., qui ont servi au repas.

Sur le bord de l'évier, rangés, classés, catégoriés : les ustensiles, les verres, les assiettes, un peu à l'écart, les divers plats et casseroles, et puis encore plus loin le reste, vous savez ces boites, récipients, de formes variées et non adaptables qui prennent de la place et ne s'empilent pas.
Pendant que je rangeais tout cela, j'ai fait couler l'eau, entre tiède et chaude, juste assez fort pour exploser sur ce liquide vert épais répandu sur le fond de l'évier, et déclencher une mousse proliférant verticalement jusqu'à envahir lentement le volume. L'éponge flotte, s'imbibe, se glisse sous le jet qui l'expulse rageusement, alors elle reprend son mouvement lent au gré du bouillonnement de mousse et de bulles.
Main gauche, un verre, main droite, l'éponge. Frotter doucement, dedans-dehors, toucher délicat sur une peau lisse et humide, légère caresse sur le galbe rond et fragile. Rincer, eau cristalline sur le verre transparent, invisible. Propre.
Assiettes, l'une après l'autre, saisies fermement, ne pas qu'elles s'échappent. Frotter, gratter, dessus-dessous, largement et fortement. Elles tournent entre les doigts, résistent parfois, exigent un deuxième passage. Les faire tourner dans ou sous l'eau claire, cascade ou rivière, avant de les aligner, ruisselantes et brillantes.
Couteaux, fourchettes, cuillères, un à un, parcourus énergiquement dans toute leur longueur, contrôlés puis rincés avec soin, enfin regroupés en un étincelant bouquet dans l'égouttoir.
Plus sévère avec les casseroles et plats qu'il faut récurer, astiquer, polir longuement, patiemment, jusqu'à ce qu'ait disparue la dernière trace, la dernière tache. Rinçage long et méthodique, séchage à l'envers, les dernières gouttes d'eau glissent langoureusement ...
 
Laver, frotter, polir, ne plus penser à rien d'autre que le propre, le brillant, l'étincelant. Faire la vaisselle pour plonger dans un autre temps, ailleurs. Devenir insensible aux autres, au ronronnement des appareils ménagers, à la discussion trainante de fin de repas, aux odeurs persistantes ou piquantes de cuisine, au fond sonore olfactif et même visuel qui m'entoure. Je fais la vaisselle, replié sur moi-même, attentif, concentré. 
Méditatif
La vaisselle comme processus de relaxation, d'oubli, de vide intérieur. Une bulle temporelle. Les minutes se sont arrêtées, ou plutôt elles s'étirent au fil de l'eau, de bulles en bulles, suspendues sur la mousse. Qui fond lentement mais surement, absorbant traces, graisses, miettes. Tout glisse au fil des minutes, des secondes, tout devient propre et net, limpide et lumineux. 
J'ouvre la bonde, l'eau sale s'écoule, dans un tourbillon non-coriolissien qui entraine avec lui toutes les perturbations négatives, toutes les agitations nocives et dévorantes. Lorsque le calme est revenu, lorsque l'évier est vide, je relève la tête, j'ouvre à nouveau mon esprit aux trépidations du temps, je rejoins l'espace d'aujourd'hui, je reprends le chemin vers après, vers tout à l'heure, vers demain. Ou vers le prochain repas, et la prochaine vaisselle.