vendredi 17 juillet 2009

Mots Dits (*)


Pour moi, on ne décide pas d’être conteur.
C’est l’oreille des autres qui nous fait conteur.
On vous écoute.
Vous parlez, donc vous êtes conteur.
Deuxième définition, mais je ne parle que pour moi.
Il y a de nombreuses manières d’être conteur. Ma manière serait d’être un serviteur. Je me considère, dans cette partie de mes activités qu’est le conte, comme un serviteur non pas d’une tradition, mais d’un certain nombre de textes qui viennent d’infiniment loin, de plus loin que moi et qui, je l’espère, vont plus loin que moi. Je me définis comme un maillon d’une chaîne. J’ai le devoir d’être un maillon aussi solide que possible, donc de nourrir ce maillon qui est l’instant où je raconte une histoire, d’autant de vie que possible. Un conteur nourrit un conte de sa propre vie, de ce qu’il est, de ses expériences, de son talent, de sa capacité de transmettre quelque chose qui est de l’ordre du non-dit et de l’indicible.

Lorsque nous lisons ou écoutons un conte, nous suivons le chemin que le conteur avait lui-même tracé. Lorsque nous nous proposons de raconter l'histoire à notre tour, il nous reste à inventer un chemin nouveau, unique : le nôtre. En effet, le rôle d’un conteur n’est pas de transmettre les versions des conteurs précédents. Il est plus ambitieux et plus risqué que celui du lecteur, du récitant, de l’enseignant ou de l’historien : proposer sa version du conte qu’il a choisi. Pour le conteur, l'appropriation d'un conte consiste bien en une découverte, un défrichage lent et aventureux, afin d'y ouvrir un chemin qui lui ressemble : construire le souvenir d'une histoire qui lui serait arrivée, ou dont il se propose d’être à son tour le témoin.

Henri Gougaud

* oui je sais, facile, déjà utilisé de multiples fois, mais je ne m'en lasse pas !!!

vendredi 3 juillet 2009

Parler

Silence ! Quelques instants.

Parler. Enfin ! Chuchoter d'abord. Puis plus fort, plus ferme, plus haut.

Parler encore. Se délecter de son parler. S'immerger dans ses propres paroles. Mais aussi donner, exprimer, expulser les mots. Jusqu'à l'autre.

Parler sans cesse. Dire, ou ne rien dire. Laisser les mots voler, courir, se faufiler, puis s'évanouir, là-bas. Pour faire naitre et vivre d'autres mots.

Parler, partager, échanger. Une histoire contre un regard, yeux brillants, sourire béat. Une histoire contre un sourire, respiration haletante, esprit tendu.

Parler encore et encore … jusqu'au silence final !


C'était samedi soir au café-brasserie Les Ursulines, à Crémieu !