lundi 6 octobre 2008

Accoutumance

Il faut que j'y arrive ! Je peux arréter. Par moi-même. Je dois me désaccoutumer, me désintoxiquer. Ce n'est qu'une question de volonté. Ma volonté.
Et pourtant ce matin encore…

J'avais presque réussi. J'avais pris deux semaines de vacances. Parti en montagne. Hors saison. Le paysage est magnifique. Le petit chalet est juste au pied des pentes. J'avais pris l'habitude de faire une longue marche tôt le matin. Facile je dormais si peu. Et là, pendant la montée, je ne pensais pas. Enfin presque pas. J'essayais de m'imbiber de la nature environnante. Des plantes et des arbres, des rochers aux formes et couleurs si surprenantes, des lacs transparents, des restes de neige dès qu'on atteint les hauteurs. Du ciel si bleu, si pur, si limpide. Loin des trépidations de la vie. De ma vie. Je rentrais de cette longue balade épuisé, courbaturé, mais tendu.
Et cette tension ravivait l'accoutumance, le manque. Je passais toujours une courte période à trembler, à ne pas tenir en place. Il m'est même arrivé de chercher, de retourner toute la pièce pour le trouver, le voir, le toucher. Le démarrer. Putain d'ordi ! Evidemment que je ne l'ai pas emmené. Comment pouvais-je me détacher de cette foutue machine si je continuais à le trainer partout en déplacement.
J'avais tenu deux semaines. Difficile, éprouvante, mais les deux derniers jours, je crois bien que je n'y ai même pas pensé. Même pas. Retour en voiture. Musique à fond, bruyante et dérangeante. Exprès pour ne pas penser. Ne pas penser à ce que je pouvais retrouver à la maison. En préparant mon départ, j'avais pris soin de le ranger, de l'enfermer dans sa housse, son sac, son tiroir, son bureau. Pas vraiment hermétique, pas vraiment caché. Mais au moins hors de vue. Pour quand je rentrerais.
Et je rentre. Le plus tard possible. Et je vais directement au lit. Un comprimé, juste un petit, juste pour être sûr. Dormir. J'avais commencé à dormir correctement ces deux derniers jours.
Sans substitut.
Sans me lever à deux heures du matin pour une petite partie, certain qu'après avoir gagné je redormirais bien.
Sans me réveiller en sursaut à trois heures car le bip-bip de ma messagerie électronique retentissait.
Sans me sortir définitivement du lit à quatre heures pour chercher si Google pouvait me guérir de ces insomnies, ou de cette compulsion.
J'ai bien dormi. Pilule ou guérison ? Après la douche, direct à la cuisine. Un café rapide et dehors. Pour ne pas, pour éviter de.
Le médecin m'attendait. Second rendez-vous. C'est sûr qu'il n'avait pas pu faire grand-chose pour moi. Un soutien psychologique, une ordonnance pour m'aider à dormir. Mais être accroc à l'ordinateur n'était pas une maladie reconnue. Pas encore.
Il semblait satisfait de mon état physique. Et mental. Il m'a trouvé reposé, calme. Mes traits tirés laissaient bien penser que tout n'était pas achevé. En bonne voie. Il me confirma le check-up à l'hopital. Par sécurité, vous comprenez, à votre âge, autant vérifier que vous n'êtes pas atteint physiquement.
Je lui serrais la main en me dirigeant vers la porte.
Il se fit rassurant. Reprenez contact avec moi dès que vous aurez les résultats.
Très bien, Docteur, je vous envoie un email.

AAAAAAAAAAAARRRGGGGGHHHHHHHH !