mardi 13 janvier 2009

VOEUX

Le petit garçon tortille et retortille entre ses doigts le bout du manteau de sa maman. Il s'y est agrippé depuis qu'ils ont pénétré dans la maison. Il a décidé qu'il ne le lâcherait pas jusqu'à ce qu'il en soit parti. Toute la famille est réunie autour des grands-parents. Retrouvailles, embrassades, rires ou larmes. De bonheur évidemment!
La maman, traînant toujours le petit garçon, s'approche de ses vieux parents, les serre contre elle, leur adresse quelques vœux tendres et sincères, bien que mécaniques. Puis fait avancer le petit garçon. Elle le pousse doucement mais fermement vers les deux personnes âgées. Le petit garçon veut rester collé à sa mère. Il ne sait comment repousser, éviter même cet instant qu'il déteste. Il se rappelle bien, déjà l'an dernier, il lui avait fallu embrasser ces visages fripés, ces peaux sèches et rugueuses, se laisser toucher, caresser par ces mains calleuses, presque crochues, après avoir prononcé la formule magique. Il se rappelle son hésitation, son refus, sa colère qui avait duré si longtemps. Il se rappelle tous les regards tournés vers lui.
La détresse de maman.
La honte des cousins.

BO-NA-Né-BO-N'SAN-Té.

Ouf, c'est dit!
Il ferme les yeux, colle deux bisous rapides sur les joues chiffonnées, lâche enfin le bout du manteau de maman, et file fièrement jouer avec les autres enfants.