lundi 3 septembre 2007

A propos de conte.

"Il était une fois …"

A peine avais-je commencé à conter mon histoire qu'un petit garçon se leva, le doigt tendu en l'air pour poser une question.
-- Oui, hum… tu as une question ?
-- Oui, Monsieur. Ce que vous allez nous raconter, c'est un conte
-- Tout à fait, un conte.
-- Vous voulez bien dire un de ces récits complêtement fictifs, issus de la tradition populaire ou de notre mémoire collective.

Je jetai un coup d'œil vers la maitresse, qui m'adressa un sourire imperturbable.
-- Et bien … en quelque sorte … c'est exact, oui.
-- Mais quoique entièrement imaginé, cette histoire reste bien morale et parfois même didactique, n'est-ce pas ?
-- ...
-- Je veux dire que nous devons le prendre à la fois comme un divertissement et un apprentissage de la vie.
-- Eh bien, voilà ! Tu as raison.

Et je pus -enfin- raconter mon histoire, jusqu'au bout, sans être interrompu à nouveau. Devant les élèves dont les yeux écarquillés et la bouche béante me firent oublier l'intermède du début.

"Ils vécurent heureux ensemble, et quand l'adversité se présenta, il surent y faire face avec courage!"

Les enfants restèrent silencieux un court instant, puis encouragés par la maitresse se permirent quelques applaudissements vigoureux. Ils se levèrent ensuite pour quitter la salle de classe.

Le garçon du début passa devant moi, s'arréta avec le même sourire d'admiration que tous les autres et me dit :
-- Vous racontez divinement bien…
-- Euh , c'est gentil, merci.
-- Mais avouez, Monsieur, que la structure narrative de votre récit est sémantiquement très éloignée des règles de Propp ou même de la sémiotique actansielle de Greimas. Non ?"