Lorsque le lac se mit à déborder, ce fut une terrible catastrophe.
Les terres furent inondées, des villages engloutis, des hommes emportés.
Une délégation d'hommes alla se plaindre auprès du lac, lui
demandant de se justifier.
—Ce n'est pas ma faute, expliqua le lac, la rivière qui
m'alimente s'est mise à grossir brusquement, et moi à gonfler jusqu'à ce que je
déborde.
Les hommes allèrent demander à la rivière.
—Ce n'est pas ma faute, répliqua la rivière, le torrent qui
vient de la montagne se jeter dans mon eau charriait tant d'eau. Je ne pouvais
tout retenir.
Les hommes allèrent interroger le torrent.
—Ce n'est pas ma faute, s'excusa-t-il, la neige des montagnes
a fondu partout en même temps si rapidement que j'ai grossi grossi grossi …
Les hommes allèrent questionner la neige des montagnes.
—Ce n'est pas ma faute, dit la neige, d'habitude, les sapins
me retiennent sur le sommet, mais les hommes ont coupé tous les arbres.
Les hommes alors baissèrent la tête, ne posèrent plus de
question, et retournèrent chez eux nettoyer les dégâts.
raconté à partir d'un texte de
Michel Piquemal,
dans "Le conteur philosophe"
photo :
Crater Lake, Oregon