jeudi 6 mars 2014

Yes we can !

Peu importe son nom, Djamel ou Kevin, Léon ou Mario, il fait partie de ces enfants, pas encore ado, mais quand même collégiens, qu'on ne sait classifier – car il faut tout classifier dans l'éducation scolaire –. 
Est-ce qu'il s'en fout de l'école ? 
Est-ce qu'on le reverra demain ? 
Est-ce qu'il n'est pas au collège juste parce qu'il s'ennuie chez lui, parce que l'appart est vide et solitaire, parce qu'il fait plus chaud à l'école, plus chaud en dehors et plus chaud en dedans, parce qu'il y retrouve des copains, des potes avec qui parler ? 
Il n'est pas le leader de la bande, d'ailleurs il n'y a pas de bande véritable autour de lui, mais il émane de lui une certaine liberté, ou rébellion, qui fait qu'on le laisse dire, et faire ... quand il est là. Les profs disent celui-là, on ne sait jamais s'il sera là demain, ni pourquoi il vient mais tant qu'il n'est pas violent, ou agressif, on fait avec
Quel avenir pour lui, nul n'y pense, nul n'y croit, même pas lui. 

 



Mais ce jour-là, il a créé. 
Au cours de l'atelier "contes africains", il a inventé, imaginé, mis en forme une histoire, il a intégré les idées des copains du groupe, il a modelé un conte en respectant – inconsciemment ? – les règles du conte, lui qui se foutait pas mal du schéma narratif, des séquences "obligatoires", de la résolution finale, il a bâti une histoire véritable, racontable, achevée. Un vrai travail, fait adonf sans se poser de questions, sans se prendre la tête, sans hésitation et sans doute. 
Prof ébahi qui redécouvre cet élève auquel elle s'apprêtait à "renoncer", copains impressionnés par tant de sérieux, moi-même surpris (mais pas tant), et surtout ravi d'avoir fait passer quelque chose d'indéfinissable, que j'espère un peu beaucoup passionnément durable.
Raconter SON histoire a été plus difficile face à la classe, comme s'il se rendait compte soudain de l'importance de cette tache, du poids de cette responsabilité : livrer une part de lui-même à tout le monde. Mais ça viendra, Djamel-Kevin-Léon-Mario, on va y arriver ... si tu veux !