lundi 28 janvier 2013

micro-bibliothèque / épisode 1

Installation réalisée en ce jour ensoleillé de janvier 2013 : une micro-bibliothèque devant ma maison.

Une trentaine de livres variés, de tous genres, proposés à l'échange aux gens de ma rue, de mon quartier, et même plus si ...
Gallay, Nothomb, Follet, Vargas, Gavalda, mais aussi Fournier, Rostand, Sagan, Fallet, avec des romans, des nouvelles, des chroniques, autour du polar, de l'aventure, des sagas. Un choix hétéroclite, pas obligatoirement best-seller, souvent à découvrir ... gratuitement ! Car il n'y a ni inscription, ni obligation autre que cette règle simple :
apportez un livre, emportez un livre

 jour 1 : 27 ouvrages
 
Principe d'échange, de partage, de bonne volonté, celle de se connaitre par le livre. Petit + sympa, l'idée d'insérer dans chaque livre déposé un court commentaire qui donne envie de lire ! Et puis, l'emplacement, proche de la maison, devrait permettre des rencontres, des discussions, des échanges ... surtout dès que le beau temps sera là !


Alors, alors, ... le succès aidant, les idées viendront pour faire vivre cette micro-bibliothèque ...
http://www.littlefreelibrary.org

... à suivre ...

dimanche 27 janvier 2013

éloge de la vaisselle

Vaisselle : P. méton. Action de laver et d'essuyer les plats, les assiettes, etc., qui ont servi au repas.

Sur le bord de l'évier, rangés, classés, catégoriés : les ustensiles, les verres, les assiettes, un peu à l'écart, les divers plats et casseroles, et puis encore plus loin le reste, vous savez ces boites, récipients, de formes variées et non adaptables qui prennent de la place et ne s'empilent pas.
Pendant que je rangeais tout cela, j'ai fait couler l'eau, entre tiède et chaude, juste assez fort pour exploser sur ce liquide vert épais répandu sur le fond de l'évier, et déclencher une mousse proliférant verticalement jusqu'à envahir lentement le volume. L'éponge flotte, s'imbibe, se glisse sous le jet qui l'expulse rageusement, alors elle reprend son mouvement lent au gré du bouillonnement de mousse et de bulles.
Main gauche, un verre, main droite, l'éponge. Frotter doucement, dedans-dehors, toucher délicat sur une peau lisse et humide, légère caresse sur le galbe rond et fragile. Rincer, eau cristalline sur le verre transparent, invisible. Propre.
Assiettes, l'une après l'autre, saisies fermement, ne pas qu'elles s'échappent. Frotter, gratter, dessus-dessous, largement et fortement. Elles tournent entre les doigts, résistent parfois, exigent un deuxième passage. Les faire tourner dans ou sous l'eau claire, cascade ou rivière, avant de les aligner, ruisselantes et brillantes.
Couteaux, fourchettes, cuillères, un à un, parcourus énergiquement dans toute leur longueur, contrôlés puis rincés avec soin, enfin regroupés en un étincelant bouquet dans l'égouttoir.
Plus sévère avec les casseroles et plats qu'il faut récurer, astiquer, polir longuement, patiemment, jusqu'à ce qu'ait disparue la dernière trace, la dernière tache. Rinçage long et méthodique, séchage à l'envers, les dernières gouttes d'eau glissent langoureusement ...
 
Laver, frotter, polir, ne plus penser à rien d'autre que le propre, le brillant, l'étincelant. Faire la vaisselle pour plonger dans un autre temps, ailleurs. Devenir insensible aux autres, au ronronnement des appareils ménagers, à la discussion trainante de fin de repas, aux odeurs persistantes ou piquantes de cuisine, au fond sonore olfactif et même visuel qui m'entoure. Je fais la vaisselle, replié sur moi-même, attentif, concentré. 
Méditatif
La vaisselle comme processus de relaxation, d'oubli, de vide intérieur. Une bulle temporelle. Les minutes se sont arrêtées, ou plutôt elles s'étirent au fil de l'eau, de bulles en bulles, suspendues sur la mousse. Qui fond lentement mais surement, absorbant traces, graisses, miettes. Tout glisse au fil des minutes, des secondes, tout devient propre et net, limpide et lumineux. 
J'ouvre la bonde, l'eau sale s'écoule, dans un tourbillon non-coriolissien qui entraine avec lui toutes les perturbations négatives, toutes les agitations nocives et dévorantes. Lorsque le calme est revenu, lorsque l'évier est vide, je relève la tête, j'ouvre à nouveau mon esprit aux trépidations du temps, je rejoins l'espace d'aujourd'hui, je reprends le chemin vers après, vers tout à l'heure, vers demain. Ou vers le prochain repas, et la prochaine vaisselle.