dimanche 23 novembre 2014

Ils ont "croisé" Charlotte

cette histoire m'a touchée. [...] un joli livre qui m'a accompagnée plusieurs soirées au coin du feu
M.D., écrivain
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je l'ai dévoré en une nuit
L.L., danseuse insomniaque
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La lecture a été agréable. […] j'ai trouvé ton texte d'une grande sensibilité, avec un point de vue très intéressant sur l'âge, le monde universitaire et le rapport à la vie et à soi (la conscience) de tes personnages […] beaucoup de charme et de délicatesse dans la narration.
Je me suis rarement ennuyée […] j'aime la voix et le ton de ton narrateur.
C.S., écrivain
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Le style enlevé, l’originalité du propos, la fraicheur d’une histoire d’amour décalée
C.H-P., directrice d'éditions
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Ce livre a sans doute réveillé plein de moments de doutes, de non-dits, de nébuleuses interrogations sur ma vie, ses mes idéaux. C'est bien écrit, c'est très bien écrit. J'adore cette forme courte de phrase qui dit tout en quelques mots.
J.M-G., chanteuse-conteuse

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Et j’ai vécu de très bons moments. Littéraires. Imaginaires. Des moments de voyage. En douceur […] Belles lettres, belle écriture aurait dit ma grand-mère, pas celle des pleins et déliés mais celle des phrases qui parlent d’évasion. Je vais pouvoir dire  "je vous conseille Ma Vie Avec Charlotte, il faut le lire, c’est un très bon moment de lecture”.
J-M.M., jardinier-conteur

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Je te remercie du fond du cœur, cher Stéphane, car cette belle lecture a fait accroître en moi l'envie de témoigner,  de relater, pas seulement ma propre histoire, mais plutôt une ambiance, une suite de drôles de situations...
I.O., conteuse 

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Rappel : pour commander

vendredi 24 octobre 2014

Ma vie avec Charlotte

Ai reçu ce matin une nouvelle bien agréable à lire :




Bonjour Monsieur,

Je me permets de revenir vers vous pour vous signaler que votre ouvrage  
Ma vie avec Charlotte a été publié par les Éditions du Net.
Votre ouvrage est en vente sur notre site, ci-joint le lien :
Ma vie avec Charlotte.
[...]
D'ici quelques jours à deux semaines, votre ouvrage sera disponible sur
Amazon, Chapitre et Dilicom et la demande à la Fnac faite.
[...]
Bien cordialement,

Le comité de sélection


Alors, avis aux amateurs ! 
Comment passer deux ans à reprendre des cours à l'université lorsqu'on a (largement) dépassé les 50 ans, apprendre à connaitre les autres (plus jeunes évidemment), à les comprendre un peu, à les aimer aussi.
Ma vie avec Charlotte
Deux années dans un monde nouveau, dans un âge nouveau. Alors, j'observe, j'écoute, je note, je commente, je rédige, quelque chose qui s'apparente à un carnet de voyage, ou à un cahier intime. Ou quelque chose entre les deux. Et au fil de ces notes, au fil de ces clichés non photographiques mais textuels, au fil des ces mois et de ces semestres universitaires, se tisse une fiction, une particulière histoire … d'amour. Imprévue, improbable. Improvisée, imparable aussi. Ou tout simplement impossible.

A vos commandes ! 


 

lundi 20 octobre 2014

Micro-bibliothèque / épisode 4 : encore des questions


Ils étaient trois. Ados, dans les 13/14 ans, qui passaient et repassaient dans la rue. Curieux ou intrigués, il se sont finalement arrêtés devant la boite. L'un savait, l'autre imaginait, le troisième comprenait, chacun donnait son avis, interprétait la règle : "apportez un livre, emportez un livre". Mais ce qui les intriguait le plus, c'était que :
Y'a même pas de serrure !
C'est tout le temps ouvert, alors ?
N'importe qui peut se servir ?

Et lorsque je suis allé expliciter le fonctionnement de ce "service", la première remarque fut : "et si un ... enfin quelqu'un ... venait les voler ?"

Eh oui ! le vol ! Voler quelque chose qui est offert, qui est gratuit, pourquoi pas ? Alors on a bavardé, sur le pourquoi, le comment.

Peut-on raisonnablement voler un livre qui ne coûte rien, qui ne vaut plus grand chose (je parle d'espèces sonnantes, non du contenu littéraire) ?
Est-ce pour le revendre ensuite ? Mais à quel prix se vent un livre d'occase ? Quelques centimes, à  peine.
Est-ce pour le lire vraiment ? Mais, cette micro-bibliothèque est faite pour cela, lire des livres gratuitement, et même régulièrement, et même participer au partage. Même pas du troc, même pas de tractations, on dépose ce qu'on ne lit plus, on emporte ce qu'on veut lire.
Comment ça, pas trop de choix ? Mais qui en est responsable puisqu'il n'y a pas de bibliothécaire, pas de vendeur, pas de critique ? C'est le goût de chacun, le choix de tous.
Mais qui surveille au cas où ... quand même ... ? Mais personne, voilà bien le principe de base d'une micro-bibliothèque libre, pas d'adhésion, pas d'inscription, chacun et tout le monde responsable.

Je ne sais pas si ces trois jeunes, qui découvrent la lecture, qui réalisent que le livre est un objet de plaisir plus que de commerce, vont participer un peu beaucoup.
Découvrir une autre façon d'avoir, une autre façon de donner, c'est déjà beaucoup, non ?

dimanche 5 octobre 2014

Vingt minutes

Une pratique régulière d'écriture permettrait de lutter efficacement contre toutes sortes d'agressions physiques, ou encore d'accélérer la guérison ou le rétablissement suite à une opération. 15 à 20 minutes d'écriture quotidienne, sans soucis pour le thème ou même l'orthographe, permettraient d'observer des résultats.
In writing
ActuaLitté
20 minutes, c'est quoi ?

20 minutes, c'est le temps d'une petite séance de gym, assouplissement, étirement, de la tête aux pieds. Dérouiller gentiment muscles et articulations sans se faire mal, mouvements doux et lents. Pas d'efforts violents, pas de gonflette superflue, quelque chose de relax pour le corps, et pour l'esprit.

20 minutes, c'est  l'occasion d'une petite marche, tranquille. Le tour du quartier, ou bien aller chercher le pain, ou passer à la poste. Pas plus de 5 km/h, à peine 2 km, une balade de santé, à rythme moyen pour décompresser.

20 minutes, c'est  juste le temps pour l'aspirateur. Une pièce, peut-être une deuxième, avec un coup de chiffon rapide pour faire disparaitre quelques poussières dérangeantes. Se concentrer sur le va-et-vient de l'engin, se laisser enrober par le ronronnement lancinant qui vous vide la tête.

20 minutes, c'est le moment de lire le journal. Ou du moins d'en parcourir l'essentiel, s'arrêter sur un ou deux articles plus profonds, moins tape-à-l'oeil violents et accrocheurs. Histoire de savoir comment va le monde (hélas !).

20 minutes, c'est une méditation courte mais néanmoins intense. Dedans ou dehors si le temps s'y prête. Détendre son corps, fermer les yeux tout en ouvrant son esprit, écouter sans voir, observer sans observer, être présent tout simplement, avec son coeur, avec son corps.

20 minutes, c'est un long morceau de musique, entre Pink Floyd et Keith Jarrett, entre Neil Young et Jimi Hendrix, entre Scarlatti et Purcell. S'enfoncer dans une bulle musicale, oublier les trépidations environnementales ... pour s'y replonger plus ... "vivant".

20 minutes, c'est peut-être simplement une coupure. Ne rien faire et s'en délecter. Assis sur le banc dans la cour, ou semi-vautré dans le fauteuil devant la cheminée éteinte. Regarder sans voir, entendre sans écouter. Laisser se passer les événements, sans participer, une parenthèse dans notre vie quotidienne. Penser sans se poser de question. Ou ne pas penser.

20 minutes, c'est long et c'est court en même temps. Trop long ou trop court !

lundi 18 août 2014

Je pense donc je communique (ou bien l'inverse !)

Hier, aux premiers temps de l'ère hi-tech, certains disaient :

Poussé à l’extrême, l’usage de la télématique pourrait être la suprême aliénation. L’homme serait conduit à devenir un consommateur d’images et de signes, placé devant un écran universel, capable de solliciter tous les savoirs, toutes les mémoires et tous les services. Il n’y aurait plus besoin pour lui de se déplacer : l’enseignement, les achats, les consultations médicales, et même une grande partie des activités professionnelles se feraient a domicile.
La communication deviendrait abstraite et la révolution, entreprise par la télévision, serait ainsi portée à son terme : le monde entier serait proche, mais l’homme n’aurait plus de prochain, n’aurait plus de voisin.
Tel est le danger ultime : l’informatisation non maîtrisée fait courir le risque de la rupture sociale et de la solitude dans la foule.

Valéry Giscard d'Estaing, conclusion du colloque « Informatique et société », 1979

APPLE I

Aujourd'hui, qu'est-ce qui a changé vraiment ?

Nous vivons notre vie en ligne, nous craignons de ne pas vraiment vivre. Nos dirigeants nous trahissent, mais on nous dit qu'il n'y a pas d'autre solution. Notre monde est connecté mais nous ne parvenons pas à communiquer. La satisfaction peut se trouver en un clic, mais cela ne nous satisfait pas. 
Sommes-nous fichus ? Notre avenir est-il compromis ? 
Peut-être sommes nous très optimistes, mais nous ne le pensons pas.
The Guardian, 2014
Visualisation des multiples chemins à travers une portion d'Internet (Wikipedia)




— Soyons clair, le futur n'existe pas.
— On en reparlera demain.


mardi 29 juillet 2014

Apéroconte

Dis, c'est quoi un "apéroconte" ?
Eh bien ... apéro, ça veut dire qu'on va boire un coup, ensemble, avec des gens qu'on connait, ou pas. Ce soir, ce sera vin blanc-cassis ou peut-être mûre.
Et puis ... conte, c'est qu'on va écouter des histoires, des contes merveilleux ou réalistes ou humoristiques ou tout ça à la fois, et même plus.
Et ça se passe chez moi, avec quelques voisins, et pourquoi pas quelques amis des quelques voisins, et ... laissons donc le bouche-à-oreilles faire son office.
J'ai appelé ça autour de l'olivier. Car il faut nommer les choses, c'est par le nom, le titre, l'étiquette qu'on attire les gens, qu'on les intrigue, qu'on les dérange, et ... qu'on les accueille finalement.
Et puis l'olivier ... encore un nom !

Alors, on se retrouve, on papote, les dernières nouvelles du quartier, ou de plus loin, on s'informe; on se met au courant. Et on attend les suivants, et même les retardataires. Qu'on accueille finalement avec grands sourires. Parce que on n'a pas vraiment d'urgence, un apéro on a le temps, on prend son temps. On découvre quelques nouvelles têtes, on parle et reparle du temps, pas le même non, le temps qu'il fait. Ah, un été pas terrible, quand on pense qu'on est déjà mi-juillet, m'en parlez pas ! On en profite aussi pour boire un coup, on est bien un peu là pour ça, et grignoter, car chaque arrivant amène un petit quelque chose à manger, et moi, hôte de ces lieux, je ne fournis que la boisson.

Et puis, je sens un peu de curiosité, un petit flou qui s'installe, les regards qui se tournent de plus en plus vers moi, le conteur qui offre l'apéro. Alors, je sais qu'il est temps d'attaquer la deuxième partie de l'apéroconte. On s'installe, on pose son verre, on finit sa bouche. Et on écoute, attentif et curieux, curieux et attentif.
Voilà ! une belle soirée sympa relax, qui a finalement duré deux bonnes heures – un peu long pour un apéro, mais pas trop pour des histoires ?–. Tout le monde reste assis, en silence. Allez, une toute petite histoire pour se quitter, celle du tout petit roi dans son tout petit royaume. Et on promet de recommencer, d'en parler autour de soi, de faire venir un peu plus de monde.
Ce qui tend à (me) prouver que le vin était bon, ou alors les histoires ... ou bien les deux !

On s'téléphone, et on recommence ?


vendredi 16 mai 2014

Raconte-moi

EPIDE
Ils sont une petite quinzaine. Dans la salle de lecture, juste à côté de la bibliothèque. Jeunes adultes qui s'intéressent un peu à l'impro et (donc?) un peu au conte.  Curieux sans doute, intrigués un peu aussi, motivés pas vraiment ... du moins pas au début.

Mais l'accroche se fait grâce à ...
 Walt Disney !?!? 
"Ah monsieur dites pas du mal de Walt Disney, c'est trop bien !"
Et la discussion est ouverte. 
Oui Disney c'est bien , c'est même beau, en tout cas les images. 
Oui c'est du conte, enfin presque ! des histoires tirées des contes de notre enfance, mais sacrément édulcorés, et tout à fait happy end
Alors c'est quoi les "vrai" contes ?
Voilà ! L'atelier est lancé sur les versions nombreuses et si variées des contes merveilleux dits "de Perrault" ou "de Grimm". Car Disney ne parle pas des pieds coupés et des yeux crevés des belles-soeurs de Cendrillon, mais n'hésite pas à rajouter des combats glorieux et des épées flamboyantes chez La Belle au Bois Dormant etc etc. Disney fait de magnifiques images sur des contes rescénarisés à la mode Hollywood. Mais qu'est-ce qui est vraiment vrai dans le pays des contes ?

Alors, moi qui avait préparé quelques contes réalistes, même plutôt contemporains, je dois changer de thématique et me lance sur le conte merveilleux, qui enchantent aussi ces jeunes pourtant en prise directe avec le réel quotidien galère. Et ils sont capables d'inventer des histoires délirantes, décalées, ou plus simplement magiques et magnifiques.
Comme ...
vuedutoit
Le petit garçon avait l'habitude de se réfugier sur le toit de l'immeuble lorsque ses parents s'engueulaient trop fort, ce qui arrivait très -trop- souvent. Et là, il voyait tout différemment, sa maison, sa ville, son monde. Plongé dans sa vision, il osait demander à Dieu d'arranger les choses. Ce jour-là, il est resté tellement longtemps dans son rêve au-dessus des toits que, lorsqu'il est redescendu chez lui, ses parents étaient rongés d'inquiétude, qu'ils pensaient que leur fils avait disparu pour toujours. Et son retour, au milieu des pleurs -de joie et d'amour- a permis de réconcilier ses parents, à tout jamais.

dimanche 6 avril 2014

Sorbet au poivre


ça fait du bien !!!


Pourtant j'aime pas le cirque, et plus (ou moins) encore j'aime pas les clowns. Trop d'émotion, trop d'introversion peut-être ? Ou la peur du différent, du pas comme moi (quoique !), la peur du fantastique ?
Mais là !!! Là !
J'ai découvert un nouveau clown, je veux dire une nouvelle version du spectacle de clown. En final d'une semaine dédiée au conte (*). Un spectacle avec la voix et le corps, fait de silences, de gestes, de mimes, d'émotions. C'est dire aussi qu'il y avait une vraie histoire, un vrai (!?) personnage, héros qui se transforme, se métamorphose au fil de l'histoire (eh oui ! relisez vos notes de cours sur le conte, schéma narratif, élément déclencheur, etc etc) et devient ... autre.
Est-ce qu'un petit chaperon rouge introverti et psy-coincé peut devenir une mangeuse d'homme ? Entre perturbée et perturbante, entre mal dans sa peau et bien dans son corps.
Bref, un spectacle pas vraiment circadien, ni vraiment une "conterie", mais un spectacle original, décalé, poétique, inspiré, vivant, effrayant, gonflé, explosif, gracieux, débordant ... bref un spectacle ... BEAU !

Audrey -clown- est merveilleuse comme 
une héroïne de contes merveilleux. 

Amaury -metteur en scène- est l'élément bénéfique, l'aidant, 
celui par qui la métamorphose arrive, tant intérieure qu'extérieure.




* c'était au théâtre "Sous le caillou", 
rue d'Austerlitz à Croix-Rousse (Lyon)
lors de la semaine "Contes de printemps"

dimanche 23 mars 2014

Contes animés

Combien faut-il de mots pour raconter le monde ? 
Est-ce que la parole peut faire mal
Peut-on voir des histoires ?

Les contes nous parlent de la puissance du langage, de l’importance de la parole. Les mots, qu’ils soient dix ou mille, qu’ils soient dits ou signés, font rire, rêver, réagir, réfléchir.
 http://www.librairie-colibris.fr/blog/wp-content/uploads/2010/07/LIBRAIRIE-COLIBRIS1.bmp
Ce jour-là, devant un public plutôt peu nombreux (mais de qualité supérieure si je me réfère aux discussions d'après spectacle), nous avons parlésigné des histoires de mots. Langue parlée et langue des signes pour raconter les mêmes histoires, Céline et moi. Nouveau et étonnant, amusant et peut-être un peu perturbant -pour ceux qui ne connaissent qu'une langue-, décalé et amusant, mais surtout enrichissant !

Je parle, tu signes. Tu signes, je parle. 
Mais tous les deux ensemble pour partager quelques histoires.

Je n'ai pas appris la langue des signes ce jour-là, mais j'ai suivi les mains, les gestes et les expressions de Céline, j'ai regardé une histoire, j'ai contemplé les mots, et aussi j'ai pu observé le public attentif, public entendant ou pas, mais attentif aux deux conteurs, aux deux versions, aux deux langues.
Alors, travail difficile et passionnant ? -le choix des textes notamment-, complicité entre nous ? -nous nous connaissons à peine-, mais surtout une envie d'ouverture, de partage encore plus grand, de découverte des autres. Les autres, attentifs, tant par leur écoute que par leur regard, les autres, curieux, intéressés, enthousiastes et encourageants.


Une forêt est ravagée par un incendie. Tous les animaux s'en sont enfuis, et regardent de loin, dépités, leur habitat brûler. Ils observent cependant un petit colibri faisant des allers-retours entre une mare et les arbres en feu, au-dessus desquels il lâche à chaque voyage une goutte d'eau de son petit bec.
Incrédules, les autres animaux lui demandent :
"Eh petit colibri ! Tu ne crois quand même pas que tu vas éteindre l’incendie ainsi ?"
Et le petit colibri répond :
"Je sais très bien que je n’éteindrai pas l’incendie, mais je fais ma part."

jeudi 20 mars 2014

Perturbations poétiques

Le printemps ... des poètes est passé par ici. Au collège de Charvieu, dans les classes de 3ème.
Une surprise ? Un cadeau ? Ou simplement une découverte ?


La porte est fermée, cours en cours. Jusqu'à l'interruption poétique. J'ouvre la porte en grand, je pénètre d'un pas ferme et décidé dans la classe, un regard rapide vers le prof, qui se tait. Je ne me présente pas, pas de "bonjour". Pas le temps.
INTERRUPTION !

Trois poèmes. De Verlaine à Vian, de Musset à Prévert. Le premier pour perturber, alerter, ouvrir l'attention. Le deuxième pour l'écoute, le beau, le plaisir. Le troisième pour partir, quitter cet "état de poésie".

Instant de stupeur, ou curiosité, ou les deux. Quelques fous-rires, quelques regards interrogatifs : qui sait de quoi il s'agit ? Justement : personne. A peine les profs, pas du tout les élèves. Mais tous vont écouter. Passer de l'incompréhension à l'écoute, en 1 poème, peut-être 1 poème 1/2. Les yeux se posent, les regards se fixent. Et finalement, si c'était bien ! Si c'était un moment de plaisir, un moment d'autre chose.
Mais un moment qui ne dure pas, 4 minutes à peine. Et je ressors, aussi vite que j'étais entré. Pas d'au revoir, "et je m'en vais, au vent mauvais qui m'emporte". La porte se referme, le cours peut reprendre son cours.

En fait, non ! pas sûr, ou pas tout de suite.
INTERROGATION !
C'est qui ? C'est quoi ?

Car le voilà le but : faire s'interroger, sur la poésie, sur la parole, sur l'art ... et pour cela provoquer la curiosité, le questionnement par la surprise, par l'imprévu, par l'extra-ordinaire. Et leur regard, leur stupéfaction mais aussi leur silence, leur écoute, font peut-être partie de l'extra-ordinaire.

Merci pour vos yeux écarquillés.
Merci pour vos sourires d'enfant.
Merci pour votre écho sur Chanson d'automne.

Le printemps des poètes est passé par là. 
Perturbations passagères, mais ça ne va pas durer, tout redeviendra vite comme avant !




Outils posés sur une table (Jean TARDIEU)
Mes outils d'artisan
sont vieux comme le monde
vous les connaissez
je les prends devant vous :
verbes adverbes participes
pronoms substantifs adjectifs.
ils ont su ils savent toujours
peser sur les choses
sur les volontés
éloigner ou rapprocher
réunir séparer
fondre ce qui est pour qu'en transparence
dans cette épaisseur
soient espérés ou redoutés
ce qui n'est pas, ce qui n'est pas encore,
ce qui est tout, ce qui n'est rien,
ce qui n'est plus.
Je les pose sur la table
ils parlent tout seuls je m'en vais.



mardi 11 mars 2014

Jeux d'écriture en atelier

écrire pourquoi faire ? 
juste pour parler. 
sans en avoir l'air,
même... se raconter !
                                                      faut-il donc vous taire ? 
                                                      venez essayer.
                                                      sans être sincère,
                                                      sachez inventer. 
                              je voulais écrire,
                              jusqu'à en rêver ! 
                              j'ai osé le dire, 
                              j'y suis arrivé.
                                                                       d'un commun accord,
                                                                       entrez dans le jeu.
                                                                       vous verrez alors
                                                                       comme on est heureux.
 Claude, atelier d'écriture à Dolomieu, janvier 2014

Il était vraiment petit, haut comme trois pommes
Pas très futé, pas très malin Petit Bonhomme
Un jour – Plouf ! - il tomba à l'eau
Pour prendr' le reflet d' son chapeau
Depuis il va tête nue, sacré p'tit bonhomme !

Limericks, par Martine, atelier d'écriture à Dolomieu, janvier 2014

Il aurait pu avoir un accent pointu ou chantant
L'accent ch'ti, québecois, italien ou de Montauban
Il en eut assez d'être sans foi ni voix
Il décida donc de s'appeler Benoït
Circonflexe ! Oui ! Il l'avait son accent




jeudi 6 mars 2014

Yes we can !

Peu importe son nom, Djamel ou Kevin, Léon ou Mario, il fait partie de ces enfants, pas encore ado, mais quand même collégiens, qu'on ne sait classifier – car il faut tout classifier dans l'éducation scolaire –. 
Est-ce qu'il s'en fout de l'école ? 
Est-ce qu'on le reverra demain ? 
Est-ce qu'il n'est pas au collège juste parce qu'il s'ennuie chez lui, parce que l'appart est vide et solitaire, parce qu'il fait plus chaud à l'école, plus chaud en dehors et plus chaud en dedans, parce qu'il y retrouve des copains, des potes avec qui parler ? 
Il n'est pas le leader de la bande, d'ailleurs il n'y a pas de bande véritable autour de lui, mais il émane de lui une certaine liberté, ou rébellion, qui fait qu'on le laisse dire, et faire ... quand il est là. Les profs disent celui-là, on ne sait jamais s'il sera là demain, ni pourquoi il vient mais tant qu'il n'est pas violent, ou agressif, on fait avec
Quel avenir pour lui, nul n'y pense, nul n'y croit, même pas lui. 

 



Mais ce jour-là, il a créé. 
Au cours de l'atelier "contes africains", il a inventé, imaginé, mis en forme une histoire, il a intégré les idées des copains du groupe, il a modelé un conte en respectant – inconsciemment ? – les règles du conte, lui qui se foutait pas mal du schéma narratif, des séquences "obligatoires", de la résolution finale, il a bâti une histoire véritable, racontable, achevée. Un vrai travail, fait adonf sans se poser de questions, sans se prendre la tête, sans hésitation et sans doute. 
Prof ébahi qui redécouvre cet élève auquel elle s'apprêtait à "renoncer", copains impressionnés par tant de sérieux, moi-même surpris (mais pas tant), et surtout ravi d'avoir fait passer quelque chose d'indéfinissable, que j'espère un peu beaucoup passionnément durable.
Raconter SON histoire a été plus difficile face à la classe, comme s'il se rendait compte soudain de l'importance de cette tache, du poids de cette responsabilité : livrer une part de lui-même à tout le monde. Mais ça viendra, Djamel-Kevin-Léon-Mario, on va y arriver ... si tu veux !