lundi 1 décembre 2008

Ecrire. Encore. Un peu !

Simple rectangle de carton punaisé sur la porte. Lettres rouges, tracées à la main avec beaucoup d'application. Comme si leur auteur avait souhaité prendre tout son temps, et ne jamais achever cet avertissement, retarder au maximum l'instant de le suspendre à la porte. Prolonger encore et encore cette occupation, anodine certes, mais accaparante. Car toute occupation est accaparante lorsque plus rien ne va. Lorsque l'imagination est morte, lorsque la motivation a disparu.
L'écrivain, ou supposé tel, est assis à sa table, les mains bien à plat sur le bois sombre.
Sombre comme son humeur, sombre comme ses rêves, en ce moment précis. Devant lui, l'ordinateur portable dernière génération, prêt à l'emploi, ou presque. Seule activité, l'écran de veille qui s'affiche inlassablement depuis des heures, sous le regard absent de l'écrivain. Quelques feuilles de papier, à peine noircies de gribouillis, déjà froissées, jonchent le sol. A quelques millimétres des doigts immobiles de la main droite, un "Waterman plume or" sommeille à côté de son capuchon, laissant l'encre sécher lentement à la chaleur des 60 Watts de la lampe de bureau. Seule lumière de la petite pièce où l'écrivain a l'habitude de s'isoler pour … écrire, chaque jour, pendant quelques heures.
Pour écrire, oui ! C'est bien là l'objectif. Mais depuis quelque temps, l'inspiration est … en panne. Les mots ne forment plus de phrases, les phrases sont devenues des souvenirs, les pages des fantasmes.

lundi 6 octobre 2008

Accoutumance

Il faut que j'y arrive ! Je peux arréter. Par moi-même. Je dois me désaccoutumer, me désintoxiquer. Ce n'est qu'une question de volonté. Ma volonté.
Et pourtant ce matin encore…

J'avais presque réussi. J'avais pris deux semaines de vacances. Parti en montagne. Hors saison. Le paysage est magnifique. Le petit chalet est juste au pied des pentes. J'avais pris l'habitude de faire une longue marche tôt le matin. Facile je dormais si peu. Et là, pendant la montée, je ne pensais pas. Enfin presque pas. J'essayais de m'imbiber de la nature environnante. Des plantes et des arbres, des rochers aux formes et couleurs si surprenantes, des lacs transparents, des restes de neige dès qu'on atteint les hauteurs. Du ciel si bleu, si pur, si limpide. Loin des trépidations de la vie. De ma vie. Je rentrais de cette longue balade épuisé, courbaturé, mais tendu.
Et cette tension ravivait l'accoutumance, le manque. Je passais toujours une courte période à trembler, à ne pas tenir en place. Il m'est même arrivé de chercher, de retourner toute la pièce pour le trouver, le voir, le toucher. Le démarrer. Putain d'ordi ! Evidemment que je ne l'ai pas emmené. Comment pouvais-je me détacher de cette foutue machine si je continuais à le trainer partout en déplacement.
J'avais tenu deux semaines. Difficile, éprouvante, mais les deux derniers jours, je crois bien que je n'y ai même pas pensé. Même pas. Retour en voiture. Musique à fond, bruyante et dérangeante. Exprès pour ne pas penser. Ne pas penser à ce que je pouvais retrouver à la maison. En préparant mon départ, j'avais pris soin de le ranger, de l'enfermer dans sa housse, son sac, son tiroir, son bureau. Pas vraiment hermétique, pas vraiment caché. Mais au moins hors de vue. Pour quand je rentrerais.
Et je rentre. Le plus tard possible. Et je vais directement au lit. Un comprimé, juste un petit, juste pour être sûr. Dormir. J'avais commencé à dormir correctement ces deux derniers jours.
Sans substitut.
Sans me lever à deux heures du matin pour une petite partie, certain qu'après avoir gagné je redormirais bien.
Sans me réveiller en sursaut à trois heures car le bip-bip de ma messagerie électronique retentissait.
Sans me sortir définitivement du lit à quatre heures pour chercher si Google pouvait me guérir de ces insomnies, ou de cette compulsion.
J'ai bien dormi. Pilule ou guérison ? Après la douche, direct à la cuisine. Un café rapide et dehors. Pour ne pas, pour éviter de.
Le médecin m'attendait. Second rendez-vous. C'est sûr qu'il n'avait pas pu faire grand-chose pour moi. Un soutien psychologique, une ordonnance pour m'aider à dormir. Mais être accroc à l'ordinateur n'était pas une maladie reconnue. Pas encore.
Il semblait satisfait de mon état physique. Et mental. Il m'a trouvé reposé, calme. Mes traits tirés laissaient bien penser que tout n'était pas achevé. En bonne voie. Il me confirma le check-up à l'hopital. Par sécurité, vous comprenez, à votre âge, autant vérifier que vous n'êtes pas atteint physiquement.
Je lui serrais la main en me dirigeant vers la porte.
Il se fit rassurant. Reprenez contact avec moi dès que vous aurez les résultats.
Très bien, Docteur, je vous envoie un email.

AAAAAAAAAAAARRRGGGGGHHHHHHHH !

vendredi 5 septembre 2008

La rentrée

Une vague de dépression atteint le rivage de mon esprit.
Le flux et le reflux perturbent la vision de mes pensées.

Idée géniale ? Inspiration noire ?
Rêve ET cauchemar !

Je regrette ce que je viens de faire la seconde passée.
J'envie ce que je ne vais pas faire la seconde suivante.
Une bouffée d'optimisme me fait rêver à …
Un relent de pessimisme me fait NE PAS agir.

Je n'ai pas envie de me lever le matin.
Les idées se bousculent lorsque je sors de mon lit.
Je me reproche de n'avoir rien fait aujourd'hui, parce que je me suis réveillé tard.
Les regrets s'accumulent lorsque je me couche … seul.

lundi 23 juin 2008

Le silence des arbres

Il n'y a pas si longtemps, j'ai raconté Le Silence des arbres, de K.T. Hao aussi bien à des enfants qu'à des adultes. Et aujourd'hui, loin, si loin, en parcourant un petit bout de Monde, j'ai rencontré un arbre étrange. Avec ses yeux, il voit les beautés qui l'entoure, il n'a pas d'oreilles pour entendre la musique du monde, mais il a une bouche pour ... parler ?

samedi 14 juin 2008

Lire ou écrire



Monsieur l'écrivain célèbre et reconnu,

monsieur l'écrivain talentueux et publié,
accepteriez-vous de lire un extrait de votre roman devant le micro, la caméra, le public ?




Hola ! surtout pas ! à moins que l'écrivain sus-référencé soit comédien, ou conteur !
Car pourquoi un écrivain, même un des meilleurs, saurait-il lire ? Je veux dire lire à voix haute, posément, clairement, son texte. En plus, saura-t-il captiver un public oralement ?

Parce que c'est SON texte ?
Oui, mais lorsqu'il l'a écrit, il était dans un état de sensibilité extrêmement particulier, une transe créative forte, mais passagère, à durée déterminée. Ce qui n'est sûrement plus le cas si longtemps après, après les affres de la correction, relecture, recherche d'éditeur, etc etc. Et là maintenant devant "le monde", il est bien incapable de retrouver cet état d'esprit. Donc, tout ce qu'il a mis dans son texte, qui venait du plus profond de lui-même, n'est certainement plus aussi présent.
Et puis, le cadre est différent, stressant, nouveau.
Pourquoi les parleurs, lecteurs, diseurs, prennent-ils le temps de travailler leur discours ? De répéter les histoires ? Et un écrivain, sous prétexte que son roman est bon, n'en aurait pas besoin ?

Lire ou écrire, il faut choisir. Et sont-ils nombreux ceux qui peuvent faire les deux avec brio ?

samedi 17 mai 2008

Classe verte en Haute-Savoie

La conteuse nous avait prévenus : le lieu est magique, un autre monde à 20 km du lac Léman.

Et là, tapis autour des chemins, au plus profond des grands bois,

le Géant Jardinier, créateur des montagnes et des lacs,
la fée Parisette qui n'aime pas la foret et rêve d'habiter une grande ville pleine de fumée, de déchets et de pollution,
les fées du matin qui se lavent dans la rosée recueillie par les plantes et gardent ainsi leur éternelle jeunesse,
les oiseaux qui questionnent la rivière sur son grand voyage jusqu'à la mer,
le petit poisson du lac qui mangea tellement qu'il cacha le soleil.


Et puis dans le Grand Pré, transformée en cour de récréation, cinquante petits elfes, fées et lutins qui s'ébattent à grand bruit, qui turbulent et qui virevoltent.
Qui s'éparpillent lors du départ au travail, je veux dire du départ aux ateliers nature.
Qui trainent les pieds, épuisés comme les nains sortant de la mine, lorqu'ils reviennent au chalet.
Pour se transformer en cinquante ogres affamés et dévorants qui font vibrer le Grand Réfectoire.
Qui hurlent, piaillent, rient, mais pleurent aussi parfois.
Qui traversent en tous sens le dortoir, déguisés en tounu, une espèce peu connue du petit peuple.
Mais ...
Qui réclament les calins de leur maman dès la tombée de la nuit.
Qui s'inquiètent si on ferme trop la porte pour la nuit, qui réclament de voir la Petite Lumière.
Et qui s'écroulent finalement dans un sommeil sans cauchemar, puisqu'une tige de pissenlit –dent de lion- est glissée sous l'oreiller.


vendredi 25 avril 2008

Just do it !

Avez-vous un projet ?

Je veux dire un vrai projet, qui vous prend la tête, et le coeur, et les tripes, alouette !
Un projet fou, qui fait hurler vos parents.
Un projet ambitieux, qui fait peur à vos amis.
Un projet qui rompt avec ce que vous avez toujours fait, pensé, réalisé.
Un projet qui révolutionne votre façon d'agir, votre vie quotidienne, votre raison d'être.
Un projet au-delà de votre imagination.

Un projet tellement ... différent, que vous n'osez pas avancer trop vite.
Que vous y allez à pas de loup, à petit pas, presque à reculons, de peur que …

Et quand vous vous croyez prêt -enfin-,
vous attendez,

vous tergiversez,

vous hésitez,

vous retardez,

vous procrastinez.
Bref, vous gémissez sur votre sort,
alors que vous détenez la baguette magique,

une occasion unique de changer votre monde.


Et vous plongez -encore- dans des abimes d'incertitude.


P$%#&@ de vous !!!

Qui donc va vous botter les fesses ?

Qui donc va vous précipiter dans l'inconnu ?

Dans le vide?

Qui donc va vous libérer ?

Qui donc va vous forcer à ... réussir ?

Cessez donc de vous morfondre dans le conditionnel passé ou le futur antérieur.
L'avenir commence demain,
au saut du lit.


"Il ne suffit pas de regarder en haut des escaliers, il faut se mettre à monter les marches."

dimanche 16 mars 2008

Ainsi parla Z.

Il y a un certain nombre d'années, alors que j'étais étudiant, je partageais un appart avec un coloc féru de musique classique ... et aussi de cuisine. Si son attrait pour ce type de musique n'était absolument pas gênant, celui pour la cuisine était tout simplement passionnant ! Mais je m'égare.
Par une soirée studieuse, et sans doute maussade, -ceci explique cela-, alors que j'étais seul, je me décidais à écouter quelques-unes de ses œuvres classiques, dont je ne connaissais absolument rien.
Tout en travaillant, je mis donc quelques-uns des vinyls 33 tours de mon coloc sur la platine. Le dernier fut le célèbre "Ainsi parlait Zarathoustra", de Richard Strauss, tiré du livre de Nietzsche –ça c'était écrit sur la pochette-.
Ce fut alors le retour du coloc.
Me voyant travailler aux sons de ce merveilleux poème symphonique, il se figea d'indignation, puis stoppa net le disque, et devant mon regard éberlué, se fâcha tout net. Si, si !
Il se lança dans une explication très technique, et certainement très intéressante, sur ce que j'étais en train d'écouter, et surtout le contexte dans lequel je le faisais. Dans un premier temps, il me reprocha mon manque de recueillement et de concentration à l'écoute de cette œuvre sublime. Cela devait être écouté SANS AUTRE DISTRACTION–je me rappelle encore les majuscules- .
Puis il m'expliqua la complémentarité entre le concept et la musique, le rendu par la musique de la pensée du surhomme, la splendide superficialité de l'art de Strauss, la dichotomie entre la nature et l'esprit, …
Désolé, mais je n'ai pas tout retenu et j'ai du effectué quelques recherches pour me rappeler tout cela. Bien sûr, c'est sans doute dommage. Mais à l'époque, je n'eus pas honte -et maintenant pas plus d'ailleurs- d'avoir écouté cela SIMPLEMENT et d'avoir trouvé cela beau. Bref d'avoir aimé tout simplement. Tout l'arrière-plan littéraire, la structure musicale, m'étaient et me sont encore parfaitement inconnus, et même incompréhensibles. Mais j'avais aimé la musique.
Quel besoin avais-je d'analyser, de philosopher longuement sur le pourquoi et le comment, pour apprécier ?
Lorsque j'écoute un morceau de musique, pas seulement classique, lorsque j'observe une peinture, lorsque je lis un texte, lorsque j'assiste à un spectacle, je peux tout à fait être conquis, ravi, enchanté, emballé, admiratif, sublimé, sans pour autant avoir le goût et l'envie de décortiquer, d'expliquer, de disséquer, d'analyser, de théoriser, même de commenter.

Sans doute cette anecdote fut-elle partiellement responsable de ma toujours complète ignorance en matière de ... musique classique ?

dimanche 10 février 2008

Ephémère

Passerelle du Palais de Justice, Lyon


Au milieu de la passerelle, nous sommes penchés sur l'eau.
Étincelante.
Le reflet reprend vie à chaque soupir du vent.
Lorsque l'onde s'apaise, ils sont jeunes, ils sont beaux.
Puis ils s'écoulent au fil du fleuve.
Au fil du temps.
Ils sont passés.
Jusqu'au prochain souffle.

jeudi 31 janvier 2008

Le conteur

Alors c'est vous le conteur ?

Eh bien, je ne vous voyais pas du tout comme ça.
Je voyais un monsieur très agé.
Vraiment vieux, si vous voyez ce que je veux dire.
Tout ridé, plutôt sec.
Le regard impénétrable, le sourire énigmatique !
Une grande barbe grise et broussailleuse.
Un long manteau usagé, marqué par les intempéries.
Un large chapeau noir, défraichi, impressionnant.
Un gros baton, au bois noueux et poli par le temps.
Et un sac de cuir, plein de … comme le votre, d'ailleurs !
Bon, ben, prenez place, l'important ce sont les histoires, pas vrai ? Oh moi, je ne reste pas ! Les contes c'est surtout pour les enfants !


Alors, je pénétrai dans la bibliothèque.
Je m'agenouillai face au demi-cercle des enfants.
J'extirpai de mon sac brindilles et morceaux de bois que j'avais ramassés sur le chemin.
Je positionnai tout cela avec soin devant moi.
Je sortis la boite d'allumettes de la poche de ma chemise.
Et j'allumai le feu sur la moquette qui recouvrait le plancher de la salle.
Une belle flambée qui s'embrasa rapidement, illuminant la bibliothèque.

Une belle flambée comme il faut,
pour raconter de belles histoires,
des histoires du soir, au coin du feu !

samedi 5 janvier 2008

Les JO de Pékin, ou pas ?

La flamme olympique partira de la place Tian'anmen

Je me suis longtemps demandé si ce serait "marrant" de réagir à l'actu, de commenter même "à chaud" les événements de notre vaste monde.
Et ma réponse est en général
-- Non, ce n'est pas mon but, ni mon envie réelle.

Mais parfois, est-ce qu'il n'est pas bon de se lacher un peu ?