jeudi 20 mars 2014

Perturbations poétiques

Le printemps ... des poètes est passé par ici. Au collège de Charvieu, dans les classes de 3ème.
Une surprise ? Un cadeau ? Ou simplement une découverte ?


La porte est fermée, cours en cours. Jusqu'à l'interruption poétique. J'ouvre la porte en grand, je pénètre d'un pas ferme et décidé dans la classe, un regard rapide vers le prof, qui se tait. Je ne me présente pas, pas de "bonjour". Pas le temps.
INTERRUPTION !

Trois poèmes. De Verlaine à Vian, de Musset à Prévert. Le premier pour perturber, alerter, ouvrir l'attention. Le deuxième pour l'écoute, le beau, le plaisir. Le troisième pour partir, quitter cet "état de poésie".

Instant de stupeur, ou curiosité, ou les deux. Quelques fous-rires, quelques regards interrogatifs : qui sait de quoi il s'agit ? Justement : personne. A peine les profs, pas du tout les élèves. Mais tous vont écouter. Passer de l'incompréhension à l'écoute, en 1 poème, peut-être 1 poème 1/2. Les yeux se posent, les regards se fixent. Et finalement, si c'était bien ! Si c'était un moment de plaisir, un moment d'autre chose.
Mais un moment qui ne dure pas, 4 minutes à peine. Et je ressors, aussi vite que j'étais entré. Pas d'au revoir, "et je m'en vais, au vent mauvais qui m'emporte". La porte se referme, le cours peut reprendre son cours.

En fait, non ! pas sûr, ou pas tout de suite.
INTERROGATION !
C'est qui ? C'est quoi ?

Car le voilà le but : faire s'interroger, sur la poésie, sur la parole, sur l'art ... et pour cela provoquer la curiosité, le questionnement par la surprise, par l'imprévu, par l'extra-ordinaire. Et leur regard, leur stupéfaction mais aussi leur silence, leur écoute, font peut-être partie de l'extra-ordinaire.

Merci pour vos yeux écarquillés.
Merci pour vos sourires d'enfant.
Merci pour votre écho sur Chanson d'automne.

Le printemps des poètes est passé par là. 
Perturbations passagères, mais ça ne va pas durer, tout redeviendra vite comme avant !




Outils posés sur une table (Jean TARDIEU)
Mes outils d'artisan
sont vieux comme le monde
vous les connaissez
je les prends devant vous :
verbes adverbes participes
pronoms substantifs adjectifs.
ils ont su ils savent toujours
peser sur les choses
sur les volontés
éloigner ou rapprocher
réunir séparer
fondre ce qui est pour qu'en transparence
dans cette épaisseur
soient espérés ou redoutés
ce qui n'est pas, ce qui n'est pas encore,
ce qui est tout, ce qui n'est rien,
ce qui n'est plus.
Je les pose sur la table
ils parlent tout seuls je m'en vais.