samedi 11 avril 2009

Sans fin

(exercice d'atelier, la longue phrase : une histoire en une seule phrase)

Ce soir, après avoir fait l'amour, longuement, je l'ai laissée alanguie, endormie dans le grand lit défait, tandis que moi, assis dans le fauteuil près de la fenêtre, dans cette chambre d'hôtel, moi, nu, un verre de whisky à la main, je pense à nous deux, à notre rencontre, à ma stupéfaction lorsque j'ai compris, pas seulement que je la désirais, mais aussi que c'était elle dont j'avais toujours rêvée, elle que j'avais toujours cherchée, et que je venais de trouver, simplement, ce soir-là, dans un bar, et dont le sourire, surtout, me fit comprendre que j'avais raison, que ma quête venait de prendre fin avec elle, si belle que tous les hommes se retournent sur nous, sur elle, si intelligente, que toutes les conversations s'arrêtent lorsqu'elle prend la parole, si tendre, si aimante, si rieuse, elle surtout qui déborde d'énergie, de cette énergie qui me fait tant défaut que le doute persiste en moi lorsque je pense à cet amour, que ma raison vacille en me répétant que je ne la mérite certainement pas, malgré les moments inoubliables, intenses, inimaginables, que nous venons de vivre, malgré mon cœur –et mon corps- qui me dit combien elle me plait, tout le temps, et de plus en plus depuis que j'ai entrepris de la découvrir, avec cette façon qu'elle a de me calmer lorsque je suis énervé, de m'exciter lorsque je suis fatigué, de me rassurer lorsque je suis démoralisé, avec le plaisir qu'elle sait me procurer lorsque je devine ses envies, lorsque je connais ses pensées, lorsque je devance ses paroles, bref avec cette complémentarité qu'elle montre et que je n'avais jamais osé imaginer, même dans les rêves les plus fous, même lors de mes longues escapades nocturnes, quand imbibé d'alcool et de lassitude, -à moins que ce ne soit l'inverse-, j'abandonnais mes amis pour partir à la recherche de l'âme sœur, -joli nom pour un amour que je croyais impossible-, et surtout je délaissais ma femme, mon épouse, mon aimée, celle qui m'attendait, inquiète, torturée, tolérant mes infidélités temporaires, sachant parfaitement que ma quête n'était que folie passagère, maladie éphémère, qui guérirait dès mon retour au domicile conjugal, où elle, ma femme, mon épouse, mon aimée, m'attendrait, me pardonnerait, me consolerait d'avoir cru découvrir ailleurs quelque chose, quelque sentiment, quelque fantasme, et qui me ferait éprouver une honte incommensurable, un regret infini, jusqu'au prochain soir,
juste un rendez-vous entre copains, ma chérie, tu sais bien, on boit un verre, on discute de choses et d'autres, et je rentre de bonne heure, promis
à moins que ...
jusqu'à ma prochaine rentrée à la maison, où elle, ma femme, mon épouse, mon aimée, ne m'attendra plus, ne me pardonnera plus, ne me consolera plus, et me laissera une fois, cette fois, cette dernière fois désespérément seul, absolument saoul, et totalement suicidaire.

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